Lubna Dada

Depuis son bureau, Lubna Dada a une vue imprenable sur une jolie prairie qui commence à pousser vigoureusement en ce mois d’avril, offrant une place bienfaisante à la nature sur le site du PSI. Et pour cette chimiste de l’atmosphère, la nature est tout sauf un vain mot: elle adore l’arpenter. Pendant son temps libre, armée de son appareil photo, elle se promène dans les champs et les forêts pour y photographier les plantes, les animaux et les nuages.

© Markus Fischer / Paul Scherrer Institut

Depuis son arrivée en Suisse, en 2021, le pays et les gens l’enthousiasment. Elle apprécie tout particulièrement le respect dans les contacts et considère la Suisse comme sa nouvelle patrie. On pourrait d’ailleurs même dire qu’elle n’a jamais vraiment quitté la Suisse – du moins sur le plan nominal –, car dans les années 1950-1960, son pays d’origine, le Liban, était également surnommé la Suisse du Moyen-Orient. Elle a commencé par faire des études de médecine à Beyrouth. Mais a changé d’orientation lorsqu’elle a réalisé qu’elle n’était pas faite pour travailler avec un scalpel et s’est alors concentrée sur la chimie. Son intérêt s’est porté toujours davantage sur la pollution atmosphérique. Dans le cadre de son travail de master, elle s’est penchée sur les aérosols dont les nombreuses formes la fascinent aujourd’hui encore.

Il lui a fallu quitter le Liban pour poursuivre ses études et faire sa thèse de doctorat. Elle a décidé de rester dans le même fuseau horaire afin de ne pas se retrouver trop loin de sa famille et de ses amis, et a poursuivi dès 2014 son cursus à Helsinki. En 2019, une fois sa thèse de doctorat en poche, elle a accumulé d’autres expériences internationales, en intégrant des projets de recherche développés dans le cadre d’une collaboration entre les universités d’Helsinki et de Beijing.

Ensuite, en 2021, elle est venue en Suisse pour travailler comme postdoctorante au PSI et à l’EPFL en Valais, où elle a analysé la manière dont la pollution atmosphérique européenne se déplaçait vers le pôle Nord, en tenant compte notamment du changement climatique. Au Laboratoire de chimie de l’atmosphère, Lubna Dada étudie aujourd’hui la formation des nuages. Elle a notamment découvert que certains hydrocarbures, appelés sesquiterpènes, jouaient un rôle important lors de ce processus. Les sesquiterpènes sont issus avant tout de la végétation et sont émis lorsque les plantes sont stressées. Ces connaissances contribuent à améliorer les modèles et les prédictions climatiques.

Début 2024, la chercheuse a démarré son propre projet, financé par le Fonds national suisse, qui se concentre sur les bioaérosols émis par les plantes et le pollen. Comprendre les causes et les processus d’émission de ces particules joue un rôle important lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité de l’air sur différents sites, mais aussi leur impact climatique. Cela permet par ailleurs de développer des stratégies de réduction ciblées pour un futur qui s’annonce marqué par le changement climatique. 


Texte: Christian Heid

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