Expérimentation d’une nouvelle méthode pour le dépistage du cancer dans les tissus mammaires

La coopération entre recherche, clinique et industrie doit donner naissance à un procédé novateur pour la pratique médicale.

Le professeur Dr. M. Stampanoni (au centre) et le Dr. Nik Hauser (à droite) discutent des résultats de la nouvelle méthode de mammographie avec le Dr. Zhentian Wang (à gauche), qui a mené les recherches au PSI. © Institut Paul Scherrer PSI/Markus Fischer

L’Institut Paul Scherrer PSI a développé une nouvelle méthode pour le diagnostic du cancer du sein. En collaboration avec l’hôpital cantonal de Baden AG, des tests ont été réalisé pour la première fois sur des tissus humains non conservés. Cette découverte permet de révéler des structures invisibles par les techniques de mammographie traditionnelle qui ne mesure que l’atténuation des rayons X dans les diverses structures tissulaires. En revanche, ce nouveau procédé utilise les informations sur les variations des ondes lumineuses lorsque celles-ci traversent les tissus, ce qui permet ensuite de reconstruire une image très précise de l’objet examiné. En s’appuyant sur des résultats récents produits au PSI, les scientifiques du département de recherche de l’entreprise Philips étudient actuellement son utilisation dans la pratique médicale, et en particulier pour la mammographie. Les chercheurs ont publié leurs résultats dans l’édition en ligne de la revue Investigative Radiology.

Le Dr. Nik Hauser et le professeur M. Stampanoni discutent des résultats dans la salle de mammographies de l’hôpital cantonal de Baden. © Institut Paul Scherrer PSI/Markus Fischer

L’objectif d’une mammographie est de détecter la présence de tumeurs de la glande mammaire afin d’entreprendre un traitement le plus tôt possible. Un procédé de mammographie de bonne qualité doit permettre de repérer toutes anomalies et de bien différencier les tissus tumoraux des autres structures tissulaires. Parallèlement, la dose de radiation administrée pendant l’examen doit être aussi faible que possible.

Des tests en conditions réelles

Les chercheurs de l’Institut Paul Scherrer ont développé un procédé qui possède de nombreux avantages par rapport aux techniques de mammographie traditionnelle. En collaboration avec les médecins de l’hôpital cantonal de Baden, ils ont pu générer des images de tissus prélevés lors d’opérations du sein, se rapprochant ainsi fortement de la situation lors d’un véritable examen chez l’humain. Selon le Dr. Nik Hauser, responsable du centre de sénologie certifié de l’hôpital cantonal de Baden SA, qui encadre le projet sur le plan médical : Ce nouveau procédé a permis de faire la différence entre des cicatrices et du tissu tumoral et d’identifier de minuscules nodules cancéreux que les techniques d’examen actuelles ne permettent pas encore de repérer. Une étude destinée à mettre en évidence les avantages de la nouvelle méthode sur une population de patients plus importante est en cours. Dans le cadre de cette étude, il s’agira en particulier de demander aux médecins n’ayant pas participé au développement de cette méthode d’évaluer, de manière indépendante, les avantages des nouveaux clichés par rapport aux radiographies classiques.

La méthode de l’Institut Paul Scherrer

Dans le cadre de ce nouveau procédé, le sein est examiné au moyen de rayons X, comme pour la mammographie classique. Dans le cas d’une radiographie classique, on ne détermine que la quantité de rayonnement X retenue dans les tissus, de sorte que la radiographie ne montre en principe que l’ombre de l’objet analysé. En traversant l’objet examiné, les rayons X se transforment encore d’une manière subtile: du point de vue de la physique, la lumière est une onde électromagnétique. En traversant les différentes structures tissulaires, l’orientation de l’onde se modifie légèrement – un effet comparable à aux vagues qui déferlent sur la jetée dans un port. Marco Stampanoni, professeur à l’Institut de technique biomédicale de l’université et de l’EPF de Zurich et responsable des travaux au PSI explique la chose suivante : À l’Institut Paul Scherrer, nous développons depuis plusieurs années des méthodes pour étudier ces modifications et pour déchiffrer les informations qu’elles contiennent. Nous créons ainsi la base pour de nouvelles procédures d’examen pour la médecine et la recherche sur les matériaux.. Dans le procédé de contraste de phase utilisé, trois grilles très fines sont traversées par les rayons X – l’une est placée devant l’objet à examiner et les deux autres derrière ce même objet. Les différentes composantes des ondes lumineuses interagissent alors entre eux de manière à rendre accessible cette information d’orientation des ondes. Les rayons X sont générés par un tube à rayons X qui se rapprochent de l’appareillage utilisé en clinique.

Prochain objectif : un prototype pour la pratique clinique

Ces travaux ont pour objectif à long terme de développer un appareil qui pourra être utilisé dans la pratique clinique pour l’examen en routine des seins et fournir des clichés probants du tissu mammaire – et ce, avec un coût nettement inférieur à celui des clichés IRM ou ceux obtenus avec un scanner. En tant que partenaire expérimenté dans le domaine de la santé, l’entreprise Philips s’est associée au projet. Le potentiel de cette méthode se définit d’une part par la nouveauté de l’information mesurée, mais également par l’utilisation de technologies traditionnelles utilisées dans le domaine des techniques médicales pour générer et produire des rayonnements X. L’objectif déclaré est de démontrer clairement les avantages cliniques pour la mammographie chez l’humain, explique Ewald Rössl, responsable de projet du travail de recherche correspondant chez Philips.

Approuvé par le comité de revision

Pour cette étude, des tissus de patients venant d’être opérés ont été utilisés. Les personnes concernées ont donné leur accord écrit pour l’utilisation de ces tissus. L’étude a été approuvée par le Comité de Revision Institutionnel de l’hôpital cantonal.

À propos de l’hôpital cantonal de Baden

L’hôpital cantonal de Baden assure les soins de santé pour 150 000 habitants et la prise en charge médicale étendue et spécialisée pour environ 300 000 habitants de la partie orientale de l’Argovie. En 2010, 18 000 patients hospitalisés et plus de 65 000 patients ambulatoires ont été traités. Avec 1 750 collaborateurs et 209 stagiaires, l’hôpital cantonal de Baden a généré un chiffre d’affaires de 269 millions de CHF.

Prof. Dr. Marco Stampanoni
Institut de technique biomédicale de l’EPF Zurich
Laboratoire de macromolécule et de bio-imagerie de l’Institut Paul Scherrer PSI

+41 56 310 47 24
+41 79 292 3447
marco.stampanoni@psi.ch 
[allemand, anglais, italien, français]

Dr. Nik Hauser
Chef de service à la clinique gynécologique
Centre de sénologie certifié de l’hôpital cantonal de Baden AG, CH-5404 Baden

+41 56 486 36 36
nik.hauser@ksb.ch
[allemand, anglais]

  • Stampanoni M, Wang Z, Thüring T, David C, Roessl E, Trippel M, et al.
    The first analysis and clinical evaluation of native breast tissue using differential phase-contrast mammography
    Investigative Radiology. 2011; 46(12): 801-806. https://doi.org/10.1097/RLI.0b013e31822a585f
    DORA PSI

À propos du PSI

L'Institut Paul Scherrer PSI développe, construit et exploite des grandes installations de recherche complexes et les met à la disposition de la communauté scientifique nationale et internationale. Les domaines de recherche de l'institut sont centrés sur des technologies d'avenir, énergie et climat, innovation santé ainsi que fondements de la nature. La formation des générations futures est un souci central du PSI. Pour cette raison, environ un quart de nos collaborateurs sont des postdocs, des doctorants ou des apprentis. Au total, le PSI emploie 2300 personnes, étant ainsi le plus grand institut de recherche de Suisse. Le budget annuel est d'environ CHF 460 millions. Le PSI fait partie du domaine des EPF, les autres membres étant l'ETH Zurich, l'EPF Lausanne, l'Eawag (Institut de Recherche de l'Eau), l'Empa (Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche) et le WSL (Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage). (Mise à jour: juin 2024)